Les médecins du Groupe de travail interpartis
GTIH – La Chaux-de-Fonds
2300 La Chaux-de-Fonds
le 25 janvier 2012
A l’attention de Monsieur le Président du Grand Conseil, de Mesdames et Messieurs les députés, de Madame et Messieurs les Conseillers d’Etat, de toute la population concernée et de la presse
Planification hospitalière : réaction des médecins du Groupe de travail interpartis face aux critiques du projet du Conseil d’Etat sur le plan médical
Dans notre groupe de travail interpartis issu des Etats Généraux de la santé le noyau des médecins, et spécialement des médecins-politiciens, joue un rôle d’interface essentiel. Le groupe a travaillé parallèlement sur les aspects médicaux, financiers et politiques des divers projets de répartition des missions des sites de soins aigus de l’Hôpital Neuchâtelois.
Pour nous, toute proposition susceptible d’être retenue devait répondre aux exigences de ces trois domaines.
La proposition faite par le Conseil d’Etat rejoint dans ses grandes lignes les options et les conclusions de notre groupe de travail. Elle est cohérente sur les 3 plans précités et notamment sur le plan médical.
Nous, médecins du groupe interpartis, avons été surpris de lire ou d’entendre des déclarations étonnantes et déstabilisantes pour la population émanant de personnalités médicales à qui la presse a accordé une large place.
« Le projet du groupe de travail n’a pas de cohérence médicale…il est avant tout politique… » Le concept de base proposé par le groupe interpartis, à savoir la concentration de la chirurgie stationnaire sur le site qui n’accueillerait pas le centre femme-mère-enfant, a été avancé par un médecin, le Professeur A. de Torrenté, lors des Etats Généraux de la Santé . C’est donc à partir de la proposition d’un médecin que l’idée de centraliser certains services hospitaliers pour les rendre plus efficaces pour les malades et plus attractifs pour des médecins compétents est née. C’est l’origine du projet « Cohérence », un projet qui, justement, a une cohérence médicale mais aussi économique et qui fait l’unanimité auprès d’un groupe interpartis et « multidisciplinaire ».
Ce projet est bien supérieur à la situation actuelle et au projet du Conseil d’administration d’Hôpital Neuchâtelois. Nous sommes convaincus, après avoir pris en compte de nombreuses variantes, notamment sur le plan médical que nous connaissons le mieux, que c’est le meilleur modèle que nous pouvons proposer au monde politique au moins pour les dix prochaines années. Dès lors ceux que notre projet dérange avancent des arguments frappants qui ne résistent pas à une analyse fouillée. Ces arguments ont un fort impact sur la presse et la population qui s’en trouve ainsi destabilisée.
Proposer d’opérer des artères et des poumons la journée sur le site de La Chaux-de-Fonds et fermer les urgences la nuit et le week-end comme l’a suggéré le président cantonal de notre société est risqué pour des patients qui peuvent présenter des complications dans ces domaines durant la nuit. La presse a cru à tort trouver en lui un expert parce que ce collègue a une assise et des compétences administratives reconnues ; le domaine n’autorise pas à faire des propositions à la légère.
Notre étonnement a été total quand nous avons entendu une déclaration, diffusée à plusieurs reprises par la RSR puis largement reprise par les médias (qui ne peuvent pas tout vérifier), qu’opérer un patient du poumon sur le site de La Chaux-de-Fonds était problématique en raison de l’absence de pneumologues ! Il y a à La Chaux-de-Fonds deux pneumologues très compétents et disponibles, collaborant très régulièrement avec l’HNE, en parfaite harmonie avec les autres pneumologues du canton. Cet exemple montre que même le Dr R.Schneider, chef de département cantonal de chirurgie, pratiquant certes majoritairement dans le Bas, ne saisit pas tous les détails du fonctionnement du service qu’il dirige. Comment dès lors prendre au sérieux sa contestation ?
C’est aussi inquiétant que d’autres praticiens, comme le Dr R.Traube, dans une analyse récente, au nom de son parti, dénoncent les choix du Conseil d’Etat, emboîtent le pas du Dr Schneider (dont il devait penser qu’il était bien informé) et utilisent ce même argument, de toute évidence, sans l’avoir vérifié, pour condamner la répartition que nous défendons. Au passage le Dr R.Traube demande une réflexion « sérieuse qui pourrait naître de nouveaux Etats Généraux de la Santé » Notre réflexion a été conduite avec sérieux et elle est précisément issue des Etats Généraux de la Santé et de son groupe de réflexion sur la répartition des missions.
Rééquilibrer implique bien sûr d’enlever quelque chose quelque part pour le mettre ailleurs, donc concrètement, en l‘état actuel, d’enlever quelque chose à Neuchâtel pour le mettre dans le Haut à la place de ce qui a été déplacé dans le Bas. Devoir changer ses habitudes implique des rejets compréhensibles. Il s’agit alors de problèmes de médecins pas de problèmes médicaux. Rééquilibrer ne consiste pas à faire tout partout ni à assurer un équilibre mathématique parfait entre les deux sites de soins aigus.
Nous sommes conscients que toute réforme hospitalière implique aussi des problèmes personnels pour les médecins et spécialement les cadres ; nous ne pouvons pas les placer en tête de nos préoccupations. Ces éléments difficiles à appréhender doivent néanmoins être pris en compte avec sérieux ; il en va aussi de la bonne marche d’un établissement que ceux qui y travaillent s’y sentent bien. On ne peut pas construire une institution autour de personnes, il faut avoir le courage de privilégier le projet et non les hommes. Avec ses propositions récentes, le Conseil d’Etat donne l’impression d’avoir ce courage-là. Nous souhaitons que le Grand Conseil l’ait aussi.
Dans la proposition du Conseil d’Etat il a été tenu compte avec sérieux de l’aspect médical du projet. C’est un bon projet aussi bien en matière de sécurité et de confort du patient que d’attractivité pour des médecins potentiellement désireux d’y travailler. L’aspect médical y est traité avec un sérieux égal à celui accordé aux préoccupations financières et politiques (au sens noble de la bonne harmonie et du respect mutuel entre citoyens).
Au nom des médecins du groupe de travail interpartis
Souhail Latrèche Claude-André Moser Yves Strub